C’est cette crainte, cette terrible peur qui fait qu’on songe à s’enfuir dès qu’on entend l’autre dire :

«  Je t’aime  ».

Vous allez sûrement sourire, rester perplexe devant cet énoncé, mais je vous assure qu’il existe des gens qui ont peur d’aimer… et d’être aimés.

Chat échaudé craint l’eau froide ? Sans doute, mais pourquoi faut-il que ce soit toujours le mâle qui ne maîtrise pas la douche ?

Car j’ai rarement croisé des femmes avec une peur à outrance d’un engagement qui pourrait les rendre heureuses. Tout comme les hommes, elles sont sur leurs gardes après une mauvaise expérience, à laquelle elles sont sorties amer, pour ne pas dire détruite. Mais pas au point de pousser le verrou au premier aveu de coeur.

Et Dieu sait qu’elles ne sont pas dépendantes pour autant. Pas de nos jours, pas à l’heure où les femmes s’émancipent au point de gérer elles-mêmes leur existence. Elles ont moins peur de l’engagement, quitte à commettre une seconde erreur, ce que la plupart des hommes dans la même situation n’osent pas.

Ce que je trouve malhonnête chez les hommes qui ont peur que toutes leurs fréquentations se terminent en queue de poisson, c’est qu’ils n’ont pas la franchise ni le courage de jouer cartes sur table avant de s’aventurer dans une liaison. Il laisse les choses aller, ils sèment de l’espoir et, au moindre aveu sincère, s’enfuit ou demande qu’on leur laisse du temps comme s’ils étaient en face du jugement dernier.

Ils jouent à la victime, font de la projection en mettant les torts sur l’autre, veulent tout et ne veulent rien perdre. Je trouve ça lâche, même si je comprends cette peur qui les habitent et cette liberté qu’ils veulent jouir à tout jamais.

À ce compte, pourquoi ne pas aller d’une aventure d’un soir à une autre ? Non, messieurs veulent rencontrer des filles sérieuses, des femmes honnêtes. Et ce sachant qu’ils leur feront mal quand le jour de l’aveu viendra, quand la dulcinée qui croyait en lui se retrouvera devant le goujat qu’ils se révèlent être.

À savoir ce qu’ils leurs font peur, ils me répondent : « Vous savez, une fois m’a suffit, j’ai payé cher et, après le prologue, je sais que viendra la routine »

Sans aucun remord de conscience devant la déception ressentie par celle qui songeait qu’avec lui… ce n’était pas autrement que ce qu’ils leurs avaient fait croire.

 

Donc, il est possible, madame, mademoiselle, que vous croisiez sur votre route ce genre de type. Ce genre d’hommes aux promesses sincères, jusqu’à viennent le temps où vous ayez entière confiance en eux, ce qu'ils vous ont demandé par ailleurs, et vous engagiez corps et âmes.

Ce que je ne saisis pas, c’est qu’on n’abandonne pas lorsque le « Je t’aime » fatidique n’est prononcé qu’à sens unique. Le seul fait de ne pas entendre « Moi aussi, je t’aime » ou voir des promesses non tenues devrait mettre la puce à l’oreille, non ? On a beau dire que les hommes sont timides quand vient le temps des aveux, mais sûrement pas au point de ne pas répondre par un signe de tête en regardant dans les yeux. Comment ne pas se méfier ou se poser des questions de quelqu’un qui, en échange d’un tel aveu, ne réponds pas.

Je ne condamne pas les gens qui ont peur de l’engagement et, même si je n’approuve pas toujours leurs comportements, je tente de les comprendre. Il y a des passés qui ne s’effacent pas avec le plus beau verbe d’un roman. Il faut donner du temps au temps, analyser, scruter tous les angles, éviter d’avoir à pleurer une seconde fois. On peut certes se guérir de cette peur maladive si on accorde la chance et si on se dit que ce mal n’est pas incurable. Mais, si tel est le cas, abstenez-vous d’aimer si vous avez peur… d’être aimé.

Les sentiments ne sont pas un jeu, et il n’y a rien de plus abject et de plus vil que de se servir du coeur d’un ou d’une autre comme un pion sur un damier. Se montrer romantique et ensuite, garder ses sentiments pour soi et ensuite reprocher à l'autre d'avoir été froid ou froide est trop facile.

La peur de l’engagement existe, tout comme la peur des foules. Je dirais même qu’il s’agit d’une phobie au même titre que toutes celles sur lesquelles la science se penche.

Mais si vous en êtes atteint, ayez au moins la décence de ne pas promette mer et monde pour avoir le coeur de celle que vous aimez, car il n’y a rien de plus vilain que de laisser un coeur meurtri.

Vivez seul, gavez-vous d’aventures, mais de grâce, ne prenez pas l’ascenseur si vous avez peur à ce point des hauteurs… de votre coeur.

 



 

 


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